Source : Le Temps, Mercredi 9 janvier 2008
Le pluralisme religieux augmente en Suisse
Le paysage religieux est en pleine mutation en Suisse. Les Eglises perdent leurs fidèles, et le pluralisme religieux fait son apparition suite aux mouvements migratoires. L'Eglise catholique est elle confrontée à un problème aigu de relève.
C'est en gros le constat de l'Institut suisse de sociologie pastorale (SPI), qui a examiné la situation de 1996 à 2005, tout en remontant jusqu'à 1970 pour certains sujets. Alors qu'à cette date, la quasi totalité de la population suisse appartenait soit à l'Eglise catholique soit à l'Eglise réformée, cette part est tombée aux trois quarts 30 ans plus tard.
Les chercheurs voient deux raisons principales à cette évolution, qu'ils refusent de qualifier de "dramatique". D'une part, les fidèles quittent l'Eglise, le phénomène étant plus marqué dans les villes qu'à la campagne. Le canton de Bâle-Ville bat tous les records, avec un taux de sortie supérieur à 50 % pour les deux Eglises au cours des 30 dernières années.
Monopole confessionnel
D'autre part, alors que jusque dans les années 1980, la grande majorité de la population étrangère provenait de pays catholiques, elle vient aujourd'hui surtout de régions musulmanes ou chrétiennes orthodoxes. Les deux Eglises ont perdu leur situation de monopole confessionnel.
Ainsi, dans toutes les grandes villes réformées à l'exception de Berne, on recense aujourd'hui davantage de catholiques que de protestants - leur part est par exemple de 14 % à Genève. De plus, une personne sur cinq en moyenne se déclare sans confession dans les agglomérations (taux de 11 % pour l'ensemble de la Suisse).
Moins de mariages
L'érosion des deux grandes Eglises s'accompagne d'une baisse des baptêmes et mariages religieux. Les baptêmes ont diminué de près de 30 % pour l'Eglise réformée ces dix dernières années, un recul deux fois plus important que pour l'Eglise catholique.
Les mariages religieux ont davantage encore perdu de leur attrait. En 2005, dans les cas d'unions où l'un des conjoints au moins était catholique ou protestant, seuls 40 % des mariages civils ont été suivis d'une célébration à l'église.
Moins de prêtres
Plus que l'érosion des membres, c'est le manque de prêtres qui préoccupe les chercheurs du PSI, qui voient un "problème aigu de relève". Le nombre de prêtres diocésains a reculé de presque un quart au cours des 15 dernières années.
Toutefois, on ne saurait encore parler d'une pénurie générale de personnel, relativise le PSI, puisque dans de nombreux diocèses, les assistants pastoraux et les diacres sautent dans la brèche.