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Pour approfondir : Questions d'éthique - Exemples de questions éthiques - Plaire ou tromper

 

Question d'éthique : « Plaire ou tromper?  Là est la question.»

Quand un philosophe me répond, je ne comprends plus ma question.
- Pierre Desproges

Trouve-t-on une chose belle parce qu’on l’aime? Ou, plutôt, l’aime-t-on parce qu’on la trouve belle?
 
Ah, le pouvoir de la beauté, de l’harmonie et de la séduction.  Dans une société qui valorise avant tout la consommation et l’esthétisme, les deux seuls commandements valables semblent aujourd’hui être devenus « Consomme » et « Plais ».
 
De par son évidence, le premier commandement se passe de commentaires.  En ce qui concerne le second, pour plaire il faut savoir séduire, c’est-à-dire, en s’inspirant du latin emmener à part, ou, faire tomber dans l’erreur, ou, convaincre en employant tous les moyens pour plaire.  C’est ainsi dire que la séduction implique, dans sa nature, une certaine forme de manipulation; celle-ci peut parfois être bienveillante, elle peut aussi être parfois malveillante.  Et c’est de cette dernière dont il faut savoir se méfier plutôt que de la séduction elle-même.  La séduction malveillante contient en son sein une idée de trahison, d’abandon, de détournement du vrai; elle est destinée à tromper, à berner et ce, dès son premier souffle. 
 
Pour le dire simplement, la séduction bienveillante est altruiste.  Elle ambitionne de plaire, sinon à tous, du moins à quelques-uns tandis que la séduction malveillante, égoïstement,  n’est destinée à plaire qu’à soi… 
 
Alors, pourquoi désire-t-on plaire? Pour prendre plaisir, bien évidemment, mais aussi pour faire plaisir, pour de menus plaisirs comme pour les grands et, bien entendu, pour se faire plaisir aussi.  Bien faire fait du bien, il faut le savoir.  La séduction bienveillante est un art de vivre mésestimé dans notre société de l’instantanéité où tout doit être consommé rapidement[1].  C’est un art de vivre qui mériterait de revivre…
 
C’est pourquoi tous, en tout temps, devraient considérer comme nécessaire d’agir avec bienveillance; la société s’en trouverait embellie. 
 
Pour ce faire, il faut savoir que plaire implique de faire attention.  Plaire implique le respect, ce second regard habituellement porté afin de ne pas heurter inutilement.  Mais ici, dans l’art de vivre, dans l’action de plaire, on ne parle pas de ne pas heurter, même inutilement, on veut plutôt faire du Bien, faire le Bien, ne pas heurter du tout.
 
Enfin, il faut aussi savoir qu’on ne peut plaire à tous et que, de toute manière, plaire à tous, c’est plaire à n’importe qui.
 

 

Bulletin réflexif par René Villemure
Institut Québécois d'éthique appliquée